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À propos

de l’Anthologie

de la poésie mauricienne contemporaine

d’expression française

 

Préface d’Eileen Lohka {directrice du Centre français, université de Calgary)

   Pour l’exilée que je suis, perdue dans les vagues de blé de la prairie canadienne, aussi loin que faire se peut des « vraies » vagues frangées d’écume de nos lagons turquoise, la poésie mauricienne reste une constante : une manière particulièrement parlante de faire vibrer l’île, de la garder vivante au fond de l’âme. Le rythme des mots, les images qui éclatent sur la page, la mélodie des voix qui se profile derrière chaque rime, le ressac du souvenir, tout me happe, me cajole, m’ensorcelle, « ex-île recherchée […] dans la foire des mémoires ».

   « Du fond du cœur / à 30 ans », à 40 ans,  à 50 ans et plus, je m’empreigne de l’histoire d’amour de mes compatriotes pour leur île ; une histoire d’amour, « d’émerveillement et de dégoût », une histoire de l’imagination aussi, comme l’inscrivent, la brodent « trois gouttes de sang ». Au fil des ans comme au fil des poèmes, le tempo change, la hargne remplace ici le velouté des sonorités, là le romantisme fait place au rap, les ellipses font suite aux apories ; et pourtant chaque mot, chaque note pourrait-on dire, enfle de la profonde symbiose qui unit les poètes à leur pays, à sa façon d’appréhender la vie. Que l’on parle des habitants de Port-Louis ou que l’on s’ouvre à des considérations plus universelles, des hommes qui « se divisent / se séparent / se déciment / non à cause de leurs / différences / mais parce qu’ils se ressemblent trop », « il pleut de rire en ce pays bougainvillées ». Il pleut de rire certes, mais les murs eux, « immolés dans le silence de [leurs] pierres », tristes des échos de l’oubli, meurent doucement. Et l’homme d’offrir la caresse d’un effleurement pour que soit rompu le charme qui les condamne à la décrépitude.

   Le 11 juin 2013, dans le cadre du congrès annuel du Conseil international d’Études francophones, à Grand-Baie, 200 participants de 41 pays ont eu la joie d’entendre un groupe de poètes mauriciens, accompagnés en scène par la ravanne de Daniella Bastien. Dans le magnifique cadre de la salle plénière du Centre de Conférences, j’ai eu le plaisir immense de voir mes collègues de partout se pencher comme un seul homme, comme une seule femme, pour écouter de plus près ce que le grand cœur et le chaleureux accueil de nos artistes avaient à leur offrir. Avec eux, j’ai applaudi le talent d’un peuple de la parole : comme dirait Édouard Maunick, « de notre côté de la mer / les paroles sont des racines » (Désert-Archipel 42). Nous avons d’abord eu droit à une « culture sans frontières », comme l’a révélé le tableau vivant des deux jeunes modèles « peints » sur scène pour l’occasion : un dialogue Mascareignes-Antilles entre Catherine Boudet, qui a lu des extraits de poèmes d’Édouard Maunick ainsi que sa propre poésie, et Micheline Rice-Maximin qui, en réponse, en écho, nous a offert les vers d’Aimé Césaire. Suivi par le spectacle poétique et musical du groupe Point barre, composé d’énergie et de douceur, de revendication et de mélancolie, de pur plaisir. Notre poésie voyage, elle touche, elle surprend dans sa richesse et sa variété. La rengaine la plus souvent entendue « un si petit pays, je n’avais aucune idée de la richesse de sa littérature. Comment est-ce possible ? »

   En effet, comment est-ce possible ? Est-ce la tradition orale que nous gardons précieusement ; legs de nos ancêtres toutes origines confondues ? Est-ce la verve « toute mascarine » de notre société créole/créolophone ? Est-ce la proximité de l’autre, l’interlocuteur, l’ouverture de nos espaces d’habitation, l’échange intrinsèque à un peuple qui fonctionne dans une multiplicité de langues ? Toujours est-il que le moment fort partagé à Grand-Baie n’a fait que mettre en scène les talents que nous retrouvons dans cette anthologie, à laquelle il me fait un immense plaisir de participer, un peu comme un retour au pays. Si elle n’est pas exhaustive, si elle se penche essentiellement sur la poésie francographique alors que la poésie en créole et en anglais sont également vibrantes, elle n’en est pas moins une lucarne entrouverte sur la scène littéraire mauricienne.

   Que disent ces vers qui ne se laissent nullement enserrer par les normes, qui voguent à la surface de la page, au gré des marées, des idées, des mots ? Ils parlent de l’île, de l’exil, du voyage et du départ – intrinsèques à l’esprit d’insularité –, comme le chantre Édouard Maunick qui nous a légué sa « profession de foi de l’île et de l’exil » lors de l’allocution d’honneur à Grand-Baie. Ils parlent de la femme, de l’amour et, plus profondément, des simples relations humaines, de l’imaginaire qui nous nourrit.

   Thierry Chateau ouvre l’anthologie de plain-pied dans la ville. Port-Louis étale ses bâtiments, ses odeurs, ses caniveaux et ses personnages hauts en couleur ; la ville nous entraîne, les vers nous font voyager au fil des rues, au gré des passants. Nous vivons ce Porlwi « comme un amant ». Ananda Devi, pour sa part, se laisse transporter dans les dédales de l’imaginaire. Sa poésie sensuelle brode « point par point / d’une arabesque de soie » les souvenirs d’une petite fille sage, aux prises avec son premier ouvrage, et les contes et légendes qui la hantent. Elle s’insère dans la narration des Mille et une nuits, dans les rengaines de notre enfance, pour dévoiler le chemin de son écriture, elle, cette conteuse « accrochée au fil qu’elle-même a fabriqué de sa salive sucrée ». Stefan Hart de Keating lui fait écho, lui qui « habite une histoire ». Sa nuit à lui est plus douce, une nuit où dansent les fleurs, où l’amour parle d’une « voix lactée ». Son île « vient d’une étoile », sa poésie se fait légère, rieuse de jeux de mots inattendus, coquins, qui nous prennent pour complices afin de nous faire apprécier la beauté qu’il célèbre.

   Anil Gopal trempe sa plume de nostalgie. Dans l’interstice, il se penche sur les oubliés de ce monde, l’homme filiforme, les enfants osseux, la musique désaccordée. Le temps passe, le spleen semble éternel. Malgré tout, les « molles immortelles poussent » sur une tombe oubliée et « l’ex-île est recherchée dans le noir / dans le fond des mémoires ». L’espoir perce à travers « l’ici si gris », car après tout, les humains « Interrompent la guerre / Pour faire la paix ».

   La voix d’Alex Jacquin-Ng s’emplit de hargne, ses vers percutent, les mots durs résonnent comme des coups, s’enflent, attaquent, accusent, sans donner le temps de souffler. Cet « agitateur », ce « terroriste de la poésie », éclate les conventions, bouscule les attentes, joue avec les mots, insère des calembours, pour nous dire d’oublier le figé, d’oser. Comme les Angry Young Men d’une autre génération, il secoue notre léthargie et nous offre une poésie féroce, audacieuse, rythmée de tamtam. Il nous entraîne avec lui dans une autre dimension, il « libère le texte » de son « verbe de voyou couillu ».

   Yusuf Kadel se penche sur la vie de tous les jours, les petits plaisirs, l’amour « permis / avec modération ». Les mots se font tendres, le rythme ralentit ; nous entrevoyons la femme « aux cheveux tressés et enduits de graisse » travailler à nourrir sa famille, nous sentons les épices du dîner. L’autre femme, l’amante « au goût d’écorce et de / Sève », est poème. Avec Kadel, nous suivons les étoiles au « bruit de flocon » : quel bonheur d’être heureux, comme lui, « au petit bonheur », d’avoir « oublié [ses] doigts dans l’herbe ». C’est que le poète trouve l’infini dans l’infime et la beauté dans un sourire.

   Édouard J. Maunick revient vers l’île : comme un leitmotiv, elle hante son errance ; l’île, la femme, l’enfance, la mer… toutes en un « ELLE » fait de majuscules. La passion jaillit de son « délire d’exil », la guitare rythme son vagabondage, la parole enfle du devoir de mémoire. « Evers », comme un éclat de tambour, résonne encore et encore. Le poète souligne par ailleurs la solidarité de l’écriture francophone : dans un poème dédié au poète congolais Tchicaya U’Tamsi (Gérald-Félix Tchicaya), il énumère, comme une litanie, les écrivains d’Afrique, il chante leur fraternité dans la parole, la joie « de battre tambours et tambourins » pour n’être jamais seul. Sylvestre Le Bon lui fait écho dans un poème en camaïeu, aux couleurs de l’île. Il entrecroise, dans un rythme de séga, les chemins de l’île à ceux de l’exil, du voyage. Au fil du parcours toujours rayonne « toi / éclatée dans [ses] mots » ou encore la mer, « immense bleu [aux] graines de rose ». Ou encore la femme, belle créole, « aux lèvres de coquillages », dans un brouillage de frontière au parfum de soleil.

   Constantes, sous les plumes, ces visions de femmes-pétales-corail, ces retours à l’origine, mémoires d’île et de chair. Ainsi Vinod Rughoonundun chante-t-il la femme, celle dont il « arpente les lignes du regard ».  À travers la sinuosité des vers, dans un balancement de hanches, au cœur du poème, il célèbre sa muse dans toute sa plénitude, même celle du silence d’un poème qui jamais ne sera écrit… Dans un poème dénudé, parafé par la Croix du Sud, la nuit d’Umar Timol s’éclaire d’un « massif de lumière » à « l’éclosion d’un visage ». Puis subtilement, dans un jeu d’ombre et de lumière, les mots oscillent pour traduire l’éphémère, le rêve, la présence dans l’absence, les éclats d’un miroir « grevé d’ombres ». Comme les poèmes solidaires de Maunick, les extraits signés Khal Torabully outrepassent les frontières du temps et du lieu, se situant dans « l’espace en fuite entre deux corps ». De Pessoa à l’étranger sans nom, de l’innommable Gorée à « l’impossible lieu de son nadir », coolitude ou marronnage, des mondes reliés par les méandres de l’histoire, « les hommes ont le même visage », l’espace d’un tango.

   Le recueil se ferme sous les plumes émergentes de Lisa Ducasse et d’Aqiil Gopee. Comme j’ai eu l’occasion de le dire, l’avenir de la poésie mauricienne est entre de bonnes mains lorsque l’on lit sous la plume d’une adolescente, « J’ai invité les mots chez moi, et petit à petit l’amitié est devenue amour. […] Les mots aussi m’ont aimée. Et ils ont décidé de rester ». Chez Lisa Ducasse s’épanouissent la pureté de l’enfance et la sagesse intemporelle de la maturité. Ses poèmes traduisent la mélancolie de l’absence, l’éphémère des « instants fanés » : ils se penchent sur les mots gravés sur des galets, « Harmonie et Tendresse, Aimer et Désir », questionnent l’absence, exhortent le Petit Prince à garder son innocence et retracent les pas qui se superposent, s’entrecroisent dans le temps. Derrière ses yeux fermés, au-delà de la douleur, au-delà de la mort, elle entrevoit « la paix ». Le refrain d’une comptine éveille chez Aqiil Gopee l’imaginaire de la forêt. Chez lui, les enfants sont de la lune ; emprisonnés dans les bois, enserrés de noirceur, ils cachent leurs « crocs luisants comme des sabres », leurs « hurlements de bêtes, / profondes comme les cavités de l’espace ». Comme des fantômes, ils disparaissent avec l’aube alors que s’éveille le désir. Il exhorte à la fusion des êtres et des corps, « enterre-moi », dit-il, « dans ton sang », « dans ta bouche », « dans ta cuisse », « dans ton ventre », « électrise-moi » prie-t-il encore, pour que naisse la certitude d’avoir vécu.

   Lire le poème, sous la plume de mes compatriotes, c’est vivre la plénitude d’un grain de sable perdu dans l’immensité indocéane qui l’a formé, rivé dans l’infini de la voie lactée par la Croix du Sud. Si les aléas de l’histoire construisent notre imaginaire, si l’insularité nous a façonnés à coups de vagues déferlantes, nous avons suivi les sentiers de la mer, amante et sirène, nous avons répondu à son appel. De nos errances, de nos racines, nous avons appris à aimer les mots, les rythmes de notre oralité créole. Cette anthologie de poésie contemporaine témoigne de la vitalité de la littérature mauricienne et je vous remercie tous, les poètes ici présents/présentés, de l’honneur que vous me faites d’ajouter ma voix à la vôtre.

 

Critique de D. Bellier,

Le Mauricien

   L'Anthologie de poésie mauricienne contemporaine d'expression française, qu'a réuni Yusuf Kadel chez Acoria il y a quelques mois, est venue rappeler que la pratique poétique demeure aujourd'hui encore un genre littéraire que les auteurs mauriciens affectionnent particulièrement. S'il paraît surprenant de ne pas trouver dans cet ouvrage des textes d'auteurs tels Jean-Gérard Théodore, Hassam Wachill, Michel Ducasse ou Sedley Assonne, voire sans doute quelques autres, ceux qui y sont publiés dessinent néanmoins quelques-unes des sympathiques tendances de la création littéraire à l'œuvre chez ceux qui ont été façonnés par ce pays, qu'ils y vivent ou non, qu'ils aient 20 ou 70 ans.

   La langue française est vraiment pourrie gâtée que des auteurs aussi fins qu'Ananda Devi ou Edouard Maunick, et les 11 autres qui les accompagnent dans ce recueil, aient choisi ce médium pour exprimer leurs désirs, souvenirs, craintes et aspirations en faisant sonner les mots et en explorant leurs vertus. Yusuf Kadel leur a demandé de choisir eux-mêmes les textes soumis, parmi lesquels certains ont déjà été publiés, d'autres demeurant inédits. Quel que soit le motif qui ait guidé leurs choix, ces auteurs ont une personnalité stylistique.

   On reconnaît l'insolence rythmique d'Alex Ng, qui offre ici une suite à quelques aventures verbales passées, dont il est inutile de s'offusquer. Le lire fait rire, et peut conduire à la jouissance par défoulement. Si ce nihiliste, ce terroriste de la poésie, ce fauteur de trouble à l'offense facile choque, bouscule, ne respecte rien… il ne commet d'autre crime que souiller de mots les pratiques idolâtres de la vie en société. Cette succession en quatre parties démontre au moins deux ou trois choses : il sait se jouer du sens et de la musique des mots, il a le sens du rythme et surprend par des métaphores singulières, et, enfin, il se paye le luxe de quelques raretés, telles la carouble ou la draille… Serait-il une sorte d'expressionniste moderne de la poésie ?

   Yusuf Kadel, le poète et non le directeur littéraire ou le dramaturge, propose ici des extraits d'Another Day, présentés en 11 parties, un parcours dédicacé, fidèle à la délicatesse soyeuse que nous lui connaissons déjà. Les formes varient, le ton aussi, les atmosphères offrent un déplacement tranquille du côté de l'amour,  de la beauté des choses, des jamalacs sur la plage et des petits matins clairs… puis « des étoiles (qui) font un bruit de flocons » et des « rires d'enfants (…) me prennent à ma torpeur ». Après des extraits des recueils La saison des mots et Chairs de toi, Vinod Rughoonundun publie ici des poèmes inédits à l'instar de Tamarinades, Terre teranga et Tu as écrit… Trois visions, trois atmosphères, trois versions de l'état d'esprit d'un poète installé en France dont le cœur vibre au rythme du berceau natal. Avec le premier, il pousse une sorte de sarcasme où la mer s'esclaffe de rire sur les rochers de nos rives. Dans le deuxième il redessine l'amour d'une terre africaine qui se réinvente… « aurore après aurore le soleil te recrée / comme le diamant de toute goutte d'eau ». Et dans le troisième, on ne sait plus s'il écrit pour une femme ou n'importe lequel des êtres qu'il ne veut oublier. La langue est fluide, astucieuse et romantique.

   Umar Timol revient ici avec les formes courtes, différentes semble-t-il de celles qu'il vient de publier dans son recueil d'aphorismes à l'Atelier d'écriture. Ici, le lecteur se frotte à un choix de strophes ou poèmes minuscules, où le second degré, la métaphore dérangeante, l'idée intrigante ou l'ironie bienveillante… se dégustent doucement comme on goûte, par exemple, « l'insoumission de la lumière / (qui) désunit / les sciures / de l'ombre ». Le poète de la coolitude, Khal Torubally, propose ici une Ode à Fernando Pessoa écrivant pour un fado, une saudade qui marie la nostalgie lusitanienne à la solitude du rimailleur ou du « marron des pénombres ». Cet écrivain habitant Lyon se demande plus loin si l'étranger est « celui qui prend la route comme une ancienne épreuve  » quand, par exemple, Umar Timol, qui vit à Maurice, s'interroge sur l'Autre : « cette énigme / incinérée / dans l'écrin de tes sens. »

   Ces quelques mentions nous font négliger les autres auteurs présents dans l'ouvrage, ceux qui n'ont rien à prouver ou ceux, tout jeunes – comme Aqiil Gopee et Lisa Ducasse –, qui font espérer d'autres futures bonnes lectures, ceux dont on ne parle pas assez comme Sylvestre Le Bon, Anil Gopal, qui vient de publier à l'Harmattan, Stefan Hart de Keating le slameur et Thierry Chateau. Robert Furlong et Eileen Lohka guident le lecteur en historien ou spécialiste de la littérature francophone.

 

Critique de Munavvar Namdarkhan,

Le Mauricien

   Les Éditions Acoria en France viennent de sortir une anthologie de la poésie mauricienne d’expression française en publiant les textes de treize poètes mauriciens. Ces textes ont été réunis par Yusuf Kadel, poète et dramaturge mauricien.

   L’Anthologie de la poésie mauricienne contemporaine d’expression française est l’occasion donnée aux lecteurs francophones de Maurice et d’ailleurs de découvrir ou de redécouvrir la plume d’un des doyens de notre patrimoine littéraire en la personne d’Édouard J. Maunick, de même que celles émergentes de Lisa Ducasse et de Aqiil Gopee en passant par celles qui sont déjà installées dont certaines sont connues et d’autres moins à savoir Thierry Château, Ananda Devi, Anil Rajendra Gopal, Stefan Hart de Keating, Alex Jacquin-Ng, Sylvestre Le Bon, Vinod Rughoonundun, Umar Timol, Khal Torabully et Yusuf Kadel. Les styles et les thèmes diffèrent selon les poètes. Ainsi, comme le dit Robert Furlong dans l’introduction de l’anthologie, « le rapport qu’un individu sensible à la poésie entretient avec des productions poétiques reste éminemment subjectif et il peut y avoir rejet. Et, si tel est le cas, ce n’est guère important finalement de savoir si c’est l’individu qui rejette le poème ou le poème qui rejette l’individu : il suffit de savoir que le poète, lui, en pasteur des âmes, prophète et voyant, ne rejette personne… »

Au Mauricien, Yusuf Kadel tient à rappeler qu’« une anthologie est une vieille tradition littéraire qui n’a pas pour ambition de répertorier tout ce qui se fait mais de proposer un instantané d’une certaine littérature à un moment donné ». Ainsi, la présente publication est « une photographie de la poésie mauricienne du début du XXIe siècle. Cela sert à saluer le travail d’un certain nombre de poètes mauriciens qui se sont imposés par la rigueur de leur travail et leur talent ». Yusuf Kadel ajoute que cette anthologie servira aux chercheurs et universitaires locaux et internationaux qui s’intéressent à la poésie francophone ou de l’océan Indien. « Une anthologie est pour la postérité. Elle permettra aux générations futures de se faire une idée de ce qu’était cette poésie mauricienne de notre époque ».

M. Kadel indique que la partie « Plume émergente » ne faisait pas partie du projet de départ. « J’ai eu l’idée de l’inclure pour permettre au public de se faire une idée du visage de la poésie de demain et je l’ai proposée à l’éditeur. Il a accepté ». Yusuf Kadel raconte que l’idée de publier cette anthologie est née d’un hasard. « Lors de mon entrevue avec mon éditeur, chez Acoria éditions, il m’a parlé de la poésie mauricienne. C’est comme cela que l’idée est née. Il était disposé à la publier à condition d’avoir une personne sur place pour coordonner le projet. J’ai accepté cette proposition et on a fait un premier travail de sélection. J’ai ensuite contacté les auteurs sélectionnés et au bout d’un an, douze ont répondu favorablement ».

 L’Anthologie de la poésie mauricienne contemporaine d’expression française est disponible à la librairie L’Atelier Littéraire, à la Rue St-Louis, à Port-Louis. Le livre peut aussi être commandé en ligne.

Yusuf Kadel : Anthologie de la Poésie mauricienne contemporaine d’expression française.
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